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Evaluer la peur d’un chien reçu en consultation


Quel est l’intérêt de connaître l’intensité de la peur chez le patient canin ? 

La peur d’un chien présenté en consultation a des conséquences négatives pour le chien lui-même, le client et l’équipe vétérinaire. Lorsque le chien devient agressif, sa contention est chronophage voire dangereuse, et la satisfaction du client risque d’être altérée, la situation étant perçue comme une mauvaise expérience pour son compagnon à quatre pattes. Le chien lui-même en est affecté, avec un stress lié à la visite vétérinaire augmenté, et il suffit d’une unique mauvaise expérience chez le vétérinaire pour observer une augmentation de la peur en clinique vétérinaire. La gestion du stress chez les patients canins concerne une large majorité des vétérinaires (sinon tous) puisque les chiens apeurés sur la table de consultation représentent 78,5% des consultations canines. Et 13,3% des chiens ont dû être portés ou tirés par la laisse pour entrer dans la clinique. L’attitude de peur est si fréquente que les équipes vétérinaires qui les voient dans cet état la plupart du temps risquent, par habituation, de considérer ce comportement normal, empêchant ainsi la recherche d’amélioration des conditions d’accueil des patients.

Comment réduire le stress des chiens reçus en consultation ? La première étape est de le détecter et l’évaluer à son juste niveau d’intensité. De nombreux signaux de peur existent dans le répertoire comportemental du chien, permettant son expression nuancée et ajustée à l’intensité de l’émotion ressentie, mais rendant par la même occasion la lecture du comportement plus complexe que si elle reposait sur un unique critère.  Alors comment lire la peur chez le chien de manière fiable et répétable ?


Utiliser une échelle d’attitude pour évaluer le stress

Une échelle d’attitude est une manière standardisée de répertorier le stress en différents niveaux du plus bas au plus fort. Mais pouvons-nous nous fier à ce type d’échelle pour connaître le stress d’un patient ? C’est ce que cherchent à vérifier Mercier et al. (2023) dans leur étude randomisée et en double aveugle. Ils utilisent notamment l’échelle suivante :  



Figure 1 : Évaluation du stress au moment de l’examen clinique, traduit de Mercier et al. (2023)


Des consultations standardisées et filmées de 35 chiens sont montrées à quatre personnes : un spécialiste et chercheur en comportement, et trois résidents en comportement. Ces évaluateurs jugent le niveau de stress du chien à deux moments : à l’entrée dans la salle de consultation, puis au moment de l’examen clinique, en renseignant le niveau de l’échelle qui leur semble le plus correspondre au chien visionné. Avec ces évaluations standardisées, il est possible de comparer les résultats entre les quatre juges pour déterminer si leurs observations concordent, auquel cas l’échelle est considérée comme fiable.


Les résultats montrent une concordance inter-juges (aussi appelée fiabilité inter-juges) plutôt mauvaise lorsqu’on considère les 5 niveaux de l’échelle indépendamment, mais lorsqu’on regroupe les cinq niveaux en trois niveaux (1, 2+3, 4+5) elle devient plutôt bonne. Cela s’explique par une difficulté à discerner les attitudes des niveaux moyens, alors que les niveaux extrêmes se distinguent plus facilement. Par conséquent, l’utilisation de cette échelle en trois niveaux regroupés est intéressante pour détecter l’intensité de stress du chien reçu en consultation. De plus, le reste des résultats de l’étude indiquent que le stress augmente significativement entre l’entrée dans la salle de consultation et l’examen clinique, rappelant s’il le fallait l’effet direct d’une intervention vétérinaire sur la sérénité du patient canin. L’utilisation d’une échelle comme celle présentée ci-dessus pourrait rencontrer une limite dans sa précision puisque si elle est utilisée par des vétérinaires généralistes, la lecture du comportement pourrait être moins exacte ou moins sensible que celle des quatre évaluateurs de l’étude qui sont en cours de spécialisation ou spécialiste en comportement.


Docteure Marie Nguyen


Source : 

MERCIER, Pierrette, HONECKMAN, Lynn, JOKELA, Fiia, DUNHAM, Arthur E. et OVERALL, Karen L., 2023. Using standardized scales to assess fear at veterinary visits: Intra- and inter-rater reliability. Journal of Veterinary Behavior. avril 2023. Vol. 62, pp. 12‑17. DOI 10.1016/j.jveb.2023.02.004. 

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