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Le traumatisme comportemental iatrogène : un risque encore non reconnu

En médecine vétérinaire, le terme iatrogène désigne un effet indésirable causé par un acte médical. Les complications physiques (ex. hémorragies, infections postopératoires, réactions médicamenteuses) sont bien identifiées et intégrées dans l’évaluation du rapport bénéfice/risque.

En revanche, les répercussions comportementales liées aux soins sont encore peu reconnues. On parle alors de traumatismes comportementaux iatrogènes (TCI).


Comparaison avec les complications physiques

Lorsqu’un chien présente un trouble de la coagulation, la réalisation d’une chirurgie élective comme une castration est soigneusement réévaluée. La balance bénéfice/risque conduit à envisager d’autres solutions, comme un implant hormonal. Le risque hémorragique est connu, et c’est justement cette reconnaissance qui permet de le prévenir efficacement.

Le parallèle peut être fait avec le risque comportemental : certains animaux sont particulièrement vulnérables au stress ou aux manipulations, et un acte médical anodin peut générer un traumatisme durable.


Exemple clinique

Un chien est amené en consultation pour le retrait d’une tique. Très sensible aux manipulations, il se débat et devient agressif, rendant l’acte impossible. Une solution alternative, l’administration d’un antiparasitaire oral, permet de résoudre le problème parasitaire.

Cependant, l’animal garde une expérience négative durable, ce qui complique ensuite la prévention, le suivi médical et les soins d’urgence.


Définition et conséquences

Un traumatisme comportemental iatrogène peut être défini comme :

"Une modification durable et négative du comportement de l’animal, directement liée à un acte de soins, qui limite la coopération ultérieure."

Les conséquences possibles incluent :

  • Refus ou évitement des soins.

  • Risque accru d’agressivité défensive.

  • Diminution des possibilités de prévention et de diagnostic.

  • Dans les cas extrêmes, euthanasie pour troubles du comportement.


Importance de la variabilité individuelle

Tous les animaux ne présentent pas le même niveau de risque.

  • Un chien atteint d’hémophilie est exposé à un risque vital lors d’une chirurgie.

  • Un chien particulièrement sensible au contact humain peut être exposé à un risque équivalent lors acte d'un soin qui parait anodin.

Dans les deux cas, l’anticipation repose sur la reconnaissance préalable de cette vulnérabilité.


En conclusion

La notion de traumatisme comportemental iatrogène rappelle que tout acte médical doit être évalué non seulement en termes de bénéfices et de risques physiques, mais aussi en tenant compte de l’impact psychologique potentiel. Reconnaître ce risque permet d’adapter les pratiques (recours à des alternatives, contention douce, approche et manipulation adaptée, sédation raisonnée) et de préserver la relation de confiance entre l’animal, son propriétaire et l’équipe soignante.


Ce concept, décrit notamment par Monique Feyrecilde dans Cooperative Veterinary Care, mérite d’être pleinement intégré à la réflexion clinique et enseigné comme une composante essentielle de la médecine vétérinaire moderne.


Reconnaître le risque de Traumatisme Comportemental Iatrogène et l'inclure dans la balance bénéfice/risque permet d’adapter les pratiques (recherche d'alternatives, contention douce, approche et manipulation adaptée, sédation raisonnée), de préserver la relation de confiance entre l’animal, son propriétaire et l’équipe soignante et de renforcer la sécurité des personnes participant aux soins.
Reconnaître le risque de Traumatisme Comportemental Iatrogène et l'inclure dans la balance bénéfice/risque permet d’adapter les pratiques (recherche d'alternatives, contention douce, approche et manipulation adaptée, sédation raisonnée), de préserver la relation de confiance entre l’animal, son propriétaire et l’équipe soignante et de renforcer la sécurité des personnes participant aux soins.

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