On le sait bien maintenant, les animaux sont très souvent stressés chez le vétérinaire, et l’expriment parfois par des comportements agressifs. Nous avons mentionné ces différents types de comportement dans l’article précédent.
Mais alors comment se fait-il que certains animaux ne montrent que quelques signes de stress quand d’autres cherchent à dévorer la moindre main qui passe à leur portée ?
FACTEURS INFLUENCANT LA REACTION DE L’ANIMAL :
Nous avons vu que face à un stimulus stressant, l’animal peut répondre par la fuite, l’immobilité ou l’agression.
Mais même parmi les animaux qui agressent, nous observons des degrés divers : certains vont seulement grogner, d’autres vont montrer les crocs et aboyer, d’autres encore vont chercher à mordre immédiatement.
Qu’est-ce qui détermine cette réponse comportementale ?
Le caractère de l’animal : selon qu’il soit plus ou moins sûr de lui, plus ou moins timide, etc. le chien aura des réactions différentes.
L’intensité du stress ressenti face au stimulus aversif : face à un élément peu stressant, la plupart des chiens choisiront plutôt l’évitement. Mais si le stimulus est plus inquiétant, la probabilité qu’ils réagissent en agressant est plus élevée.
L’état physique et mental de l’animal : par exemple, un animal qui est fatigué, douloureux, ou qui a faim aura possiblement davantage de réactions agressives que le même animal dans de meilleures conditions de bien-être.
Les apprentissages : bien que ces réactions soient avant tout émotionnelles, et donc non raisonnées, chaque situation de stress peut être une source d’apprentissage, qui peut modeler le comportement produit en réponse au stress.
AGRESSION ET APPRENTISSAGES :
En effet, la réponse à un stress dépend certes de l’inné, mais est très fortement modulée par l’acquis.
Rappelons nous que le but de l’agression est de faire reculer l’« agresseur », pour augmenter la distance entre lui et l’individu qui se sent agressé.
Pour cela, l’animal va produire spontanément certains comportements. Si le comportement produit fonctionne et permet de faire reculer l’agresseur, le chien va mémoriser cela, et produira de nouveau ce comportement la prochaine fois. Il est renforcé.
A l’inverse, si en produisant ce comportement, l’agresseur ne recule pas, voire s’approche davantage, augmentant alors le stress, l’animal va adapter son comportement également, passant à des signaux aversifs plus clairs, jusqu’à obtenir la distance qu’il souhaite par rapport à son agresseur.
Ainsi, bien malgré nous, il nous arrive très souvent de rendre nos patients plus agressifs, en n’adaptant pas nos approches.
Par exemple, on connait tous ce chihuahua qui grogne, montre les dents et cherche à mordre tout doigt qui passerait à sa portée… Bien souvent, ce chien avait commencé par faire des signes discrets : cligné des yeux, détourné la tête, bâillé. Mais comme personne n’a compris et qu’on a continué à le manipuler malgré son stress, il a commencé à grogner. Ça a bien fait rire tout le monde, ce petit grognement… Alors on a encore continué… Puis un jour, n’en pouvant plus, il a mordu. Et là, on a retiré nos doigts, surpris. Et pour le chien, la manipulation stressante s’est arrêtée…En faisant cela, on a appris à ce chien que prévenir était inefficace. Seule la morsure fonctionne. Alors il y a fort à parier que ce chien tentera de mordre beaucoup plus rapidement, si ce n’est immédiatement, à la prochaine visite, dès que l’on approchera.
ALORS QUE FAIRE ?
Ainsi, face à un chien qui grogne, que pouvons nous faire ? Ne va-t-il pas se dire qu’il a gagné si on recule ? Et de toute façon, nous avons un soin à lui faire, on n’a pas le choix, si ?
Ça sera le sujet du prochain article…
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