Vous l’aurez compris, les animaux sont stressés quand ils vont chez le vétérinaire… Et ce stress s’exprime de différentes façons : se figer, fuir ou attaquer, comme nous l’avons vu dans notre précédent article.
Mais soyons honnêtes : le comportement qui nous pose le plus de problèmes en consultation, c’est bien l’agressivité ! Alors essayons ici de mieux la comprendre, pour savoir mieux l’appréhender.
D’abord, nous avons vu que l’agression est une réponse normale en cas de stress chez le chien.
Il existe d’autres causes d’agression : protection de ressources, irritation dont agressions redirigées… Mais en clinique vétérinaire, c’est très majoritairement la peur qui déclenche les comportements agressifs.
Remarque : attention tout de même à prendre en compte la douleur, qui intervient également. Chez les chiens stressés, une sensation douloureuse (aiguë ou chronique) peut aggraver l’émotion négative et donc le comportement agressif. Mais même un animal peu stressé peut présenter un comportement agressif soudain et souvent violent en cas de douleur aiguë. Il conviendra donc de faire particulièrement attention aux animaux pour lesquels les manipulations peuvent être douloureuses. Ex : manipuler un animal présentant une fracture. Attention que même sans toucher la zone lésée, si notre manipulation provoque un mouvement de l’animal et une mobilisation de l’os cassé, la douleur ressentie peut être associée à notre manipulation, même si elle ne concernait pas la fracture…
Et on pensera évidemment à prendre en charge cette douleur.
BUT DE L’AGRESSION :
Pour les agressions liées à la peur, il faut bien en comprendre le fonctionnement.
L’animal perçoit une menace (bien souvent, l’approche du vétérinaire). A cet instant, ce qu’il souhaite avant tout est donc que cette menace s’éloigne. Ne pouvant souvent pas prendre lui-même de la distance, il cherche alors à faire peur et à repousser cette menace perçue. Car c’est bien le but de l’agression : d’un point de vue éthologique, l’agression a pour fonction d’augmenter la distance entre l’animal et la menace qu’il perçoit.
COMPORTEMENTS AGRESSIFS :
Dans un contexte de peur sans possibilité de fuite, l’animal risque donc de répondre par un comportement agressif.
Chez les espèces sociales, il existe normalement toute une gamme de comportements qui permettent de montrer l’inconfort sans en arriver à la morsure, qui est le comportement le plus tardif.
Ainsi, la plupart des chiens vont d’abord montrer des signes de stress (se lécher la truffe, détourner le regard et/ou la tête, lever un antérieur…). Si ces signes ne sont pas entendus et respectés, ils vont alors grogner, retrousser les babines, aboyer, puis éventuellement faire des « jetés de gueule » avant d’en arriver à mordre vraiment.
Selon les individus, toute ou partie de ces comportements seront produits. Certains chiens grognent facilement, mais ne vont jamais plus loin. D’autres vont jeter un petit regard en coin puis immédiatement déclencher une morsure…
Les chats, espèce plus solitaire, ont un répertoire comportemental moins évident. On retrouve malgré tout des expressions corporelles de stress, des signes de menace (feulements, miaulements, voire jeté de patte dans le vide…). Ils vont cependant bien souvent passer plus rapidement à l’agression (morsure/griffure).
Remarque : on entend souvent des gens dire qu’un animal a failli les mordre. C’est faux. Du fait de la différence de vitesse de réaction de l’Homme par rapport à l’animal, si ce dernier avait vraiment voulu mordre, il l’aurait fait. Heureusement pour nous, la plupart des chiens ne cherchent qu’à intimider en mimant une tentative de morsure, sans réellement mettre cette menace à exécution.
AGRESSION ET APPRENTISSAGES :
Nous l’avons vu : dans un contexte de peur, l’animal veut sortir de cette situation. Et s’il ne peut pas fuir, il agresse, après un temps plus ou moins long de communication.
L’objectif est avant tout de faire fuir l’agresseur…
Pour cela, l’animal va donc produire différents comportements, plus ou moins agressifs. Et selon le succès obtenu pour faire reculer l’agresseur, l’animal va mémoriser les comportements qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas… Il adaptera ainsi sa réponse lors des prochaines situations stressantes. Nous verrons tout cela plus en détail dans l’article dédié.
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