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“Il n’est pas agressif, il a juste peur…”


Quel propriétaire n’a jamais dit ça après que son animal ait essayé de mordre son vétérinaire ?

Et quand on parle d’agressivité, c’est toute une connotation négative associée qui nous vient en tête. Alors, si un chien est agressif, est-ce que ça veut dire :

  • Qu’il est méchant

  • Qu’il devrait être euthanasié,

  • Qu’il a un mauvais maître…?


Qu’en est-il sur le plan scientifique ?

Face à un danger perçu (réel ou non), l’organisme répond par une émotion de peur. C’est adaptatif, ça peut nous sauver la vie…

Et de cette émotion découle un comportement. Trois types de réponses sont couramment observées dans ce cas. C’est la règle des 3F (1) :

  • Fuir (Flee en anglais): réponse de choix pour la plupart des animaux si la situation le permet, et en l’absence d’apprentissages contraires,

  • (Se) Figer (Freeze en anglais): on connait tous ces chats complètement liquéfiés sur la table de consultation, que l’on peut prendre et poser ailleurs sans qu’ils ne bougent une oreille…,

  • Se battre (Fight en anglais) : quel meilleur moyen pour faire fuir celui qui nous fait peur ?

Le choix de la stratégie à mettre en place dépend de différents critères :

  • La personnalité de l’animal : certains auront plus facilement tendance à répondre par l’attaque alors que d’autres chercheront à fuir coûte que coûte. (2, 3)

  • La capacité à fuir de l’animal : un espace de fuite est-il disponible, l’animal est-il en capacité physique de fuir (blessure, attache, contention…) ? (4)

  • Le danger perçu : selon l’intensité du danger perçu par l’animal (proche ou loin, intensité du stimulus effrayant…). (5)

  • Les apprentissages précédents : si après avoir essayé de fuir vainement, l’animal finit par choisir de mordre, ce qui fait reculer l’individu stressant, il ne faudra souvent pas longtemps avant qu’il n’apprenne que la fuite est inutile alors que l’agression est une réponse bien plus adaptée pour gérer une situation de stress. Et cet apprentissage peut très vite se généraliser à toutes les situations provoquant un stress, même peu intense…


Et en clinique vétérinaire ?

Si vous avez déjà lu l’article Les animaux sont-ils stressés en consultation ?, vous savez désormais que la réponse est OUI !

Or en clinique, ils sont le plus souvent tenus en laisse, dans les bras, ou dans une caisse de transport, quand ils ne sont pas placés sur la table d’examen. Dans ces conditions, la fuite est rarement possible (sauf pour quelques cascadeurs de haut vol qui prennent de vitesse ceux chargés de les maintenir…).

Restent donc deux solutions : le freeze (voir article à venir… Quel teasing hein ?) et le fight !

Vous comprenez maintenant pourquoi l’on croise régulièrement des animaux agressifs chez le vétérinaire… Et ce n’est pas qu’une question de mauvaise éducation, de laxisme, ou de mauvais caractère. C’est avant tout une question de peur.


Sources :

(1) BRACHA, H. S., 2004. Freeze, flight, fight, fright, faint: Adaptationist perspectives on the acute stress response spectrum. CNS spectrums. 2004. Vol. 9, n° 9, pp. 679–685.

(2) GODBOUT, M., PALESTRINI, C., BEAUCHAMP, G. et FRANK, D., 2007. Puppy behavior at the veterinary clinic: A pilot study. Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research. 2007. Vol. 2, n° 4, pp. 126‑135.

(3) KOOLHAAS, J. M., KORTE, S. M., DE BOER, S. F., VAN DER VEGT, B. J., VAN REENEN, C. G., HOPSTER, H., DE JONG, I. C., RUIS, M. A. W. et BLOKHUIS, H. J., 1999. Coping styles in animals: current status in behavior and stress-physiology. Neuroscience & Biobehavioral Reviews. 1999. Vol. 23, n° 7, pp. 925–935.

(4) HORWITZ, D.F et MILLS, D.S, 2009. BSAVA Manual of Canine and Feline Behavioural Medecine. 2nd Edition. Gloucester : British Small Animal Veterinary Association. 324 p. ISBN 978 1 905319 15 2.

(5) GLARDON, J., HARTNACK, S. et HORISBERGER, L., 2010. Analyse du comportement des chiens et des chats pendant l’examen physique en cabinet vétérinaire. Schweizer Archiv für Tierheilkunde. 2010. Vol. 152, n° 2, pp. 69‑75.

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