Nous avons vu dans l’article précédent que le meilleur moyen de gérer les animaux agressifs, c’est d’anticiper pour… qu’ils ne soient pas agressifs!
C’est en effet la situation idéale, et l’objectif que l’on doit se fixer.
Malheureusement, ce n’est pas toujours possible.
On est parfois surpris par la réaction de l’animal, qu’on ne connaissait pas ou qui n’avait jamais montré ce type de comportement. Il arrive aussi qu’on n’ait pas vraiment le choix, et qu’il faille absolument faire ce soin à l’animal, même si on sait qu’il va avoir du mal à le tolérer.
On s’expose alors à ce qu’il nous agresse. Et quand ça arrive, voici la clé numéro 2 pour gérer au mieux cette situation.
RESTER CALME :
Il est courant de réagir nous aussi fortement face à un animal qui nous agresse.
En effet, face à ce danger, il est bien normal de ressentir nous aussi une monté d’adrénaline, voire de la peur. C’est cette peur qui nous permet de réagir et ainsi de nous protéger bien souvent. Il n’y a donc aucune honte à avoir.
Malheureusement, on a tous déjà eu ce propriétaire de chat hystérique qui annonce « ah non, je ne veux pas passer avec le Dr. X, il a peur des chats ! », après qu’on ait sauvé nos mains en les retirant rapidement lors de la dernière attaque…Et bien tant pis ! Oui j’ai peur, si ça peut me permettre de conserver l’usage de mes mains, et tous les avantages qui vont avec. Et de toute façon, le sursaut de retrait est le plus souvent un réflexe, et donc incontrôlable… Et parce qu’on est des êtres sensibles nous aussi, chaque mauvaise expérience laisse une appréhension, aggravant un peu plus encore nos émotions et nos réactions face à des animaux peu coopératifs.
De plus, subir ce genre d’attaque alors que l’on essaie d’aider l’animal peut parfois être difficile à gérer pour le soignant. Notre égo en prend un coup, on trouve ça injuste… Et on se retrouve en colère contre cet animal, oubliant au passage qu’il a réagi par peur, et parfois même contre son propriétaire, qui aurait dû l’éduquer mieux que ça…
Alors il peut être tentant de punir l’animal, en criant, voire en le menaçant physiquement, en le maintenant fermement ou en le frappant par exemple. Ceci aura plusieurs effets :
Sur l’animal : nous les détaillerons dans un prochain article dédié… Suspens! 🙂
Sur nous-même : sur le coup, punir un comportement que l’on considère comme non acceptable nous soulage. Mais ensuite, on reste souvent bloqué sur l’événement, on le ressasse en boucle, entretenant notre colère. Puis, plus ou moins consciemment, il arrive qu’on s’en veuille. Parce que dans le fond, on sait bien que ce pauvre animal n’a pas agit ainsi pour nous embêter. Il a juste complètement paniqué, a perdu le contrôle, et nous a poussé à perdre le nôtre… Et quoi que certains en disent, si on a choisi le métier de vétérinaire, c’est avant tout parce qu’on aime les animaux. Mettre nos patients dans de tels état nous est donc très difficile à accepter, et bien loin de ce dont on rêvait quand on envisageait cette voie…
Sur le propriétaire : en effet, qu’ils le montrent ou non, la plupart des propriétaires sont mal à l’aise dès que leur animal montre des signes d’agressivité. Cela remet en cause leur qualité de maître. Et puis, ils aiment leurs animaux, qui sont parfois adorables avec eux, dans leur environnement de vie habituel. Les voir complètement fous de la sorte est donc pénible pour eux-aussi.
Il est d’ailleurs courant que l’avis sur le vétérinaire consulté se fasse sur sa réaction face au comportement agressif de l’animal. Combien d’avis négatifs et de bashings en règle font suite à des visites pendant lesquelles le vétérinaire a perdu son sang froid face à l’animal agressif?
A l’inverse, les propriétaires ont tendance à adorer le vétérinaire qui sait rester doux et patient, même face à une furie. J’adore d’ailleurs réagir ainsi : quand l’animal commence à gronder, à s’énerver (je m’arrange pour être en sécurité : muselière, contention appropriée…), je reste parfaitement calme et lui dis d’une voix la plus douce possible “je sais mon beau Loulou, tu as très très peur. On va faire au plus vite pour que tu sois vite libéré et que tu rentres te détendre chez toi”… Je ne compte plus le nombre de fois que des propriétaires m’ont remerciée pour ce type d’attitude…
Et puis, de manière beaucoup moins glorieuse et bassement intéressée : si en agissant ainsi, j’arrive à détendre l’atmosphère, j’aide aussi l’animal à se calmer, et je me facilite la vie… Tout le monde y gagne!
Et une fois qu’on en est là, c’est bien beau, mais comment on finit de faire ce qu’on avait à faire sur l’animal?
C’est ce que l’on verra dans le prochain article… 🙂
Comments